Entente Alcoa-Gouvernement du
Québec
Le problème reste entier
L'entente conclue entre Alcoa et le
gouvernement du Québec sur les
tarifs d'hydroélectricité laisse entier le
problème de bâtir un secteur
des ressources et une économie dont le développement est
décidé par le
peuple et qui sert ses besoins. Le problème de la menace au lieu
de la
négociation comme une arme dans les mains des monopoles reste
entier. L'entente qui a été signée entre Alcoa et
le gouvernement est
appelée négociation parce qu'il y a eu un accord de
conclu mais c'est
la menace qui l'a produit et la menace et le chantage sont toujours
là.
L'entente signée est-elle même la résiliation sous
la menace d'une
entente dûment signée entre Alcoa et le gouvernement
Charest en 2008.
Si Alcoa a menacé de fermer ses usines au Québec si les
tarifs
d'électricité qu'elle avait acceptés dans
l'entente de
2008 allaient
maintenant entrer en vigueur, elle pourra le refaire avec cette
nouvelle entente sous toutes sortes de prétextes. Les
travailleurs et
le peuple du Québec ne veulent pas vivre dans
l'anxiété perpétuelle de
pertes
d'emplois et d'activités manufacturières qui sont
importants pour leur
bien-être et l'économie.
Les Québécois ne
contrôlent rien des
différents aspects de l'entente
qui a été signée. Ce qui est certain, c'est que
des tarifs
d'hydroélectricité bien en dessous du tarif industriel
grande puissance
ont été accordés et que d'autres monopoles cognent
maintenant à la
porte pour faire abaisser leurs coûts en
hydroélectricité. Les 250
millions $
d'investissements promis, qui annulent les investissements beaucoup
grands qui devaient se faire en vertu d'ententes à l'aluminerie
de
Baie-Comeau, les promesses d'investissements pour adapter les
facilités
de production à la demande accrue escomptée provenant de
l'industrie de
l'automobile et de l'électrification des transports, sont autant
de
promesses qui peuvent être abandonnées aussi vite qu'elles
sont faites
si Alcoa invoque une conjoncture défavorable. Alcoa invoque
à présent
les faibles prix de l'aluminium sur les marchés mondiaux pour
justifier
ses menaces mais elle ne parle pas du rôle qu'elle et les autres
monopoles de l'aluminium jouent dans la manipulation de ces prix, du
rôle que les monopoles jouent dans la création de
l'anarchie et du
chaos dans l'économie mondiale.
Le problème reste entier parce que les
travailleurs et le peuple ne
contrôlent pas plus aujourd'hui qu'hier les leviers des
décisions
économiques qui leur permettraient de jouer sur les
différents facteurs
à l'oeuvre et d'imprimer une nouvelle direction à
l'économie pour la
faire servir le peuple et non les intérêts monopolistes
privés. C'est à
cela
que les travailleurs s'attaquent dans leurs luttes pour leurs droits
parce que sans cela il ne peut pas y avoir de sécurité
économique.
Les caractéristiques de l'entente sur
l'hydroélectricité avec Alcoa
- Normand Fournier -
Le mardi 25 février, le gouvernement du
Québec et l'aluminerie
Alcoa, une multinationale américaine, annonçaient la
conclusion d'une
entente sur la tarification de l'électricité. L'entente
conclue avec
Hydro-Québec sera d'une durée de 15 ans pour les usines
de Bécancour et
de Deschambault et de 20 ans pour celle de Baie-Comeau.
Les parties en présence n'ont pas divulgué
le tarif « négocié » pour
toute la durée de cette entente. Il est question d'un «
tarif
préférentiel renouvelé » qui selon
Radio-Canada se situerait sous les 3
cents du KWh.
Le prix à payer
pour arriver à une entente
Le
sauvetage de l'usine d'Alcoa de Baie-Comeau a un prix. Pour cette seule
usine, c'est 150 M$ par année dans un avenir prévisible
que devront
assumer les Québécois. C'est 210 M$ par année au
total en pertes de
tarifs d'hydroélectricité, pour les trois
usines d'Alcoa au Québec.
Le projet de modernisation de l'aluminerie
de Baie-Comeau, évalué à
plus de 1 milliard $ selon l'entente signée en 2008 avec le
gouvernement libéral de Jean Charest, est abandonné en
vertu de cette
nouvelle entente. Alcoa dit quelle investira 250 M$ sur une
période de
cinq ans dans ses trois usines du Québec: 150 M$ sont
prévus pour
optimiser le centre de coulée de l'usine de Baie-Comeau; 71 M$
seront
affectés à l'usine de Bécancour.
Le gouvernement a accordé à Alcoa un
programme de tarification
modulé en fonction du prix de l'aluminium sur les marchés
internationaux. C'est ce que réclamait la compagnie depuis la
tenue de
la Commission sur l'avenir énergétique du Québec,
sous la menace de
fermeture des trois alumineries en cas de refus du gouvernement
québécois.
En échange d'un « tarif
préférentiel
renouvelé », Alcoa devient
partenaire de la Stratégie gouvernementale
d'électrification des
transports. Que cette entente « devienne un tremplin pour faire
du
Québec un leader mondial des transports électriques
», a dit Pauline
Marois.
Depuis 2002, 900 emplois ont été perdus
chez
Alcoa, dont 700 depuis
2008. L'entreprise emploie environ 2000 personnes au
Centre-du-Québec
et 900 à Baie-Comeau.
Faisons un petit rappel des événements
précédant cette entente. En
octobre 2013, Alcoa menace le gouvernement Marois de fermer ses trois
alumineries au Québec si un nouveau tarif
d'électricité ne lui est pas
accordé, afin que l'entreprise demeure dans le premier
percentile des
usines bénéficiant des tarifs d'énergie
électrique internationaux les
plus bas. À ce moment là, Alcoa, en vertu de contrats
spéciaux et
avantageux, payait environ 2,8 cents le KWh. Ce tarif devait, en vertu
d'une entente signée avec le gouvernement du Québec
d'alors, augmenter
au tarif préférentiel L, dit de grande puissance, soit
à 4,3 cents du
KWh à partir de 2014. Alcoa prétendait que cette hausse
future allait
augmenter de 250 M$ par an sa facture d'électricité, pour
atteindre 570
M$, et que sa rentabilité et sa capacité de
compétitionner à l'échelle
internationale étaient menacées à cause de cela.
En février 2014, Alcoa en venait à une
entente avec la ville de
Baie-Comeau concernant l'évaluation municipale des son usine.
Alcoa
contestait son rôle d'évaluation à Baie-Comeau qui
était de 261,6 M$.
Selon l'entente obtenue, l'évaluation de l'usine diminue de 19
M$ pour
2013, de 24 M$ en 2014 et de 29 M$ en 2015. La justification de
cette baisse du compte de taxes résultant de la diminution de
l'évaluation est la fermeture des vieilles cuves Söderberg
de
l'aluminerie. La ville de Baie-Comeau recevra 769 000 $ en moins pour
2013, 887 000 $ et 1,1 M$ pour les années 2014-2015.
Les
justifications du gouvernement
Sur l'entente
abandonnée de la modernisation de l'usine de Baie-Comeau,
« nous
pensons que le prix de l'aluminium va se ressaisir et qu'à ce
moment-là, dans quelques années, un projet de
modernisation pourra
redevenir pensable pour Baie-Comeau », a déclaré la
ministre des
Ressources
naturelles et ministre responsable du développement nordique,
Martine
Ouellet. « Avec ce qu'on a mis en place, nous avons sauvé
l'usine de
Baie-Comeau », a-t-elle ajouté.
« Nous faisons le nécessaire pour
consolider
des emplois de qualité
en région, a dit Pauline Marois lors de l'annonce faite à
Baie-Comeau.
Je suis particulièrement fière de la conclusion de cette
entente, qui
marque un nouveau départ dans notre relation avec Alcoa, en plus
d'assurer la pérennité de ses activités au
Québec et le maintien
d'emplois de qualité dans nos régions pour une
période d'au moins 15
ans. [...] Notre gouvernement mise sur sa stratégie
d'électrification
des transports pour mobiliser de nombreux acteurs, tels qu'Alcoa,
autour d'une vision ambitieuse et porteuse pour l'avenir. »
De son côté, la ministre Martine Ouellet
mise sur la poursuite du
développement d'une batterie fonctionnant à l'air et
à l'aluminium avec
Alcoa et son partenaire Phinergy. De plus, elle présente l'usage
par
l'industrie automobile de 22 millions de plaques d'alliage comme un
débouché
pour « utiliser les surplus d'électricité pour le
développement
économique [...] De nombreuses innovations sont attendues dans
le
secteur de l'automobile au cours des prochaines années, et le
Québec
mise sur la capacité d'innover de ses entreprises dynamiques,
telle
qu'Alcoa, pour se distinguer.»
Suite à cette annonce, le Syndicat national
des employés de
l'aluminium de Baie-Comeau a dit qu'une «
insécurité planait sur
Baie-Comeau depuis quelques mois ». Le président du
syndicat Michel
Desbiens se dit rassuré que les 900 emplois restent en place.
« Ça
devenait lourd pour les familles », explique-t-il. « Par
contre, oui,
on aurait aimé
que la modernisation soit dans l'entente », ajoute-t-il.
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