Actualités ouvrières
Le ministre du Travail menace d'imposer une
nouvelle
loi spéciale aux travailleurs de la construction
- Pierre Chénier -
En point de presse le 9 juin, le ministre du
Travail Sam Hamad a dit
qu'il va rendre illégale une grève des travailleurs de la
construction
cet été.
Les quelque 80 000 travailleurs du secteur
institutionnel/commercial
et industriel (ICI) seront en position de grève légale,
et les
employeurs en position de lockout, le 22 juillet prochain. Ces
travailleurs étaient en grève en juin de l'an dernier
pour s'opposer à
des demandes de concessions antiouvrières lorsque le
gouvernement les a
forcés à
retourner au travail par une loi spéciale dans la nuit du 1er
juillet.
La loi spéciale prolongeait leurs conditions de travail pendant
un an,
donc jusqu'au 30 juin prochain. La grève de l'été
dernier était une
grève générale de tous les travailleurs de la
construction du Québec
déclenchée le 17 juin mais les travailleurs des secteurs
génie
civil/voirie et
résidentiel avaient conclu une entente avec les associations
patronales
à la fin juin.
Dans son point de presse, le ministre Hamad
reprend le langage de
tous les gouvernements de l'offensive antisociale à l'effet que
la
meilleure solution est supposément une solution
négociée. En fait, il
n'y a pas de négociation mais une tentative d'extorquer des
concessions
aux travailleurs avec la certitude pour les employeurs que le
gouvernement va utiliser son pouvoir pour déclarer la
grève illégale.
Les concessions, comme l'ont démontré les travailleurs de
la
construction, vont occasionner la détérioration des
conditions de
travail sur les chantiers et les conditions de vie des travailleurs et
de leurs familles, et le gouvernement se fait l'instrument de
l'imposition de ces
concessions que les travailleurs n'acceptent pas.
Selon l'Alliance syndicale qui représente
les cinq syndicats de la
construction au Québec, l'Association de la construction du
Québec (ACQ) est
revenue à la charge en février 2014 avec les mêmes
demandes de
concessions contre lesquelles les travailleurs ont fait la grève
en
2013. L'ACQ demande toujours une augmentation de la mobilité de
la
main-d'oeuvre, ce qui prive d'emploi les travailleurs dans leur
région car les entrepreneurs arrivent avec leurs travailleurs.
Le
problème est devenu encore plus aigu du fait que la construction
a
connu une baisse ces derniers mois et que des travailleurs des
régions
ont épuisé leurs prestations d'assurance-emploi. Les
travailleurs de la
Côte-Nord ont
tenu des manifestations ces derniers mois pour exiger de pouvoir
travailler dans leur région.
L'ACQ demande encore la création d'une plage
de travail de 5 h 30 à
19 h (plutôt que la plage actuelle de 6 heures 30 à 17
heures) à
l'intérieur de laquelle les travailleurs font leur
journée normale de
travail de 8 heures, 9 heures ou 10 heures consécutives. Les
travailleurs font valoir que cela va déstabiliser leur vie
familiale.
L'association patronale maintient aussi sa
demande de pouvoir forcer
les travailleurs à reprendre les travaux le samedi à taux
simple lors
d'intempéries pendant la semaine normale.
La demande de concession est également
maintenue à l'effet de payer
les 8 premières heures supplémentaires par semaine du
lundi au samedi à
taux et demi, plutôt qu'à taux double, alors que les
dimanches et jours
fériés seront rémunérés à
taux double. L'alliance syndicale fait valoir
que les travailleurs désirent travailler davantage : plus de 23
000 travailleurs ont déclaré moins de 500 heures en 2012
et la moyenne
de ceux ayant travaillé plus de 500 heures était de 1300.
Ils demandent
qu'on priorise une meilleure planification des travaux afin qu'un
maximum de travailleurs puissent enregistrer des heures et non des
heures supplémentaires pour un petit nombre.
Concernant les indemnités de déplacement,
dans le contexte où les
déplacements sur de longues distances, souvent plus de 100 km,
sont
chose commune pour les travailleurs de la construction, l'ACQ demande
que les distances minimales pour recevoir une indemnité de frais
de
déplacement soient augmentées. Avec le prix de l'essence
qui
augmente sans cesse, c'est une attaque directe au revenu des familles
des travailleurs.
Les travailleurs mettent de l'avant des
demandes telles des
augmentations salariales de 7,8 % sur 3 ans, une demande d'augmentation
des indemnités pour frais de déplacement et pour chambre
et pension
quand le déplacement atteint les 120 km, une demande de clause
de
rappel correspondant à la durée d'emploi du travailleur
(la sécurité
d'emploi n'existe pas dans la construction), etc.
Dans son point de presse, le ministre Hamad
dit qu'il intervient
tout de suite pour laisser savoir qu'il va rendre toute action de
grève
des travailleurs illégale parce que leur grève de 2013 a
coûté entre 8
et 9 milliards $ à l'économie québécoise.
Ces chiffres ne font que
démontrer encore plus l'importance de la contribution des
travailleurs
de la
construction à la société. Ils doivent et ont
droit d'avoir des
conditions de travail qui correspondent au travail qu'ils font, des
conditions qu'ils jugent eux-mêmes acceptables.
Le gouvernement est très irresponsable de
menacer les travailleurs
du plein poids de la loi s'ils persistent dans leurs justes demandes,
qui sont bénéfiques pour eux et pour la
société dans son ensemble. Tous
les travailleurs doivent appuyer fermement les travailleurs de la
construction contre cette extorsion de concessions.
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