Selon toutes vraisemblances, l'élection du 3 octobre va donner un gouvernement de la CAQ avec une très grande majorité de sièges. Les sondages lui prédisent entre 96 et 104 sièges sur 125. Sauf qu'ils prédisent aussi que ce sera avec à peine 35 % des votes et quand on aura inclus le taux de participation comme facteur, ce sera avec le soutien d'un très faible pourcentage de l'ensemble de ceux qui ont le droit de vote.
Le « débat des chefs » du 22 septembre a au moins montré deux choses. D'une part les élites dirigeantes cherchent à créer un pouvoir centralisé plus fort pour mieux servir les intérêts privés étroits qu'elles représentent, un pouvoir qui a déjà établi la pratique de gouverner par décrets, laquelle sera déclarée « légitime » puisqu'il aura l'allure d'« un mandat fort donné par le peuple ». Il lui faut une opposition légitime et ce sera très difficile si aucun des autres partis n'obtient les 12 sièges nécessaires (ou 20 % du suffrage) pour être reconnu comme opposition officielle. Mais déjà les médias ont fait intervenir plusieurs « experts » qui disent que les règles de l'Assemblée nationale permettent assez de « latitude » pour une
« entente entre les chefs » sur la nomination d'une opposition officielle. C'est d'ailleurs ce qui a été fait au lendemain de l'élection de 2018.
D'autre part, le « débat des chefs » a montré qu'aucun des partis sélectionnés par Radio-Canada comme « seuls partis ayant des chances » ne voit le problème de représentation et de comment est donné le pouvoir de prendre toutes les décisions comme une affaire urgente et immédiate. François Legault a dit qu'« avec la pandémie là, c'est pas une préoccupation des Québécois ». Vraiment, encore la pandémie ? Les autres ont tous dit que ce serait bon de mettre ça à l'ordre du jour à un moment donné. Tous ces partis représentés au « débat des chefs » de Radio-Canada admettent, du moins en paroles, qu'il y a un problème avec la façon dont le pouvoir de décision est donné aux « représentants », mais semble-t-il que l'élection n'est pas le moment de parler de cela ! Et d'ailleurs, comme l'a dit le premier ministre, il y a eu une pandémie ! La pandémie, qui est finie ou presque finie, est également l'excuse parfaite donnée pour maintenir la loi spéciale qui donne au gouvernement le droit de bafouer toutes les conventions collectives pour imposer sont diktat en matière de système de santé.
C'est sans compter que la réforme du mode de scrutin n'est pas la seule chose qui ne fonctionne pas avec le système par lequel le peuple cède à des « représentants », sur lesquels il n'exerce aucun contrôle, le pouvoir de décider de toutes les questions qui affectent profondément la vie des Québécois.
Le PMLQ participe à cette élection pour faire valoir la nécessité du renouveau démocratique pour investir le peuple du pouvoir de décider des choses qui le concernent. C'est une demande qui est au coeur des problèmes de toutes les sociétés en ce 20e siècle. Cela comprend les demandes : « Pas d'élection sans sélection » et « Élections Québec doit financer le processus et pas les partis ». Le rôle d'Élection Québec est de faire connaître tous les points de vue et propositions pour que les électeurs puissent décider en toute connaissance de cause. Cela comprend le droit de révoquer des élus qui font le contraire de ce pour quoi ils ont été élus.
Dans les conditions du renforcement du pouvoir entre les mains d'une élite dirigeante qui agit à la solde de grands intérêts privés, avec un système électoral et des médias qui marginalisent de plus en plus les revendications des travailleurs, des jeunes, des enseignants, des femmes, des groupes vulnérables, et surtout quand tous les "partis qui ont des chances" disent que ce n'est pas un problème immédiat, le PMLQ dit qu'il faut refuser de donner à qui que ce soit le droit de parler en notre nom. À chaque occasion et sur toutes les questions, parlons en notre
propre nom !